2 - Les marais de l’Ile Nouvelle (communes de Blaye et Saint-Genès-de-Blaye)

Où affleurent les argiles brunes et grises du Flandrien (de -5 000 ans env. à Actuel - Holocène)

Accès au site

Observation des argiles brunes et grises du Flandrien (de -5 000 ans env. à Actuel - Holocène)

Accès

On accède à l’Ile Nouvelle en 10 minutes environ, par bateau, au départ du port de Blaye. Une navette privée payante permet d’accoster au hameau de l’Ile-sans-Pain, où se trouve un site de découverte « Nature » du Département de la Gironde. De ce point de départ, on peut visiter les environnements de marais anciens et d’alluvionnements vaseux récents de cette île du Conservatoire du Littoral.

Carte de localisation du site à visiter (© IGN, Convention N°0137/GIP ATGeRi)
Localisation des affleurements décrits (© IGN 2009, Convention N°0137/GIP ATGeRi)

Que voir ? Que conclure ?

Observation des argiles brunes et grises du Flandrien (de -5 000 ans env. à Actuel - Holocène)

Paléoenvironnement  

A la fin de la glaciation würmienne, la transgression   flandrienne a permis à la mer de regagner sur la côte et c’est vers -8 000 à -6 000 ans qu’un bras de mer a commencé à envahir le substratum de l’estuaire actuel, s’infiltrant d’abord dans les paléocours, puis submergeant les unes après les autres, les alluvions des terrasses pléistocènes étagées. Toutes les zones basses des rives charentaises et médocaines se sont alors comblées peu à peu par le bri, résultant des limons apportés par la Garonne et la Dordogne et des produits d’érosion des falaises côtières ; le tout re-déposé par la mer, sur les zones intertidales (slikkes), qui se surélèvent lentement, suivant la montée du niveau de la mer.
Il ressort des renseignements archéologiques que la fin de la transgression   flandrienne, depuis -5 000 ans, s’est effectuée de façon très régulière, avec une montée relative du niveau de la mer d’environ 6 mètres en moyenne par millénaire. Toutefois, il est probable que le niveau se soit stabilisé plusieurs fois pendant quelques siècles, pour reprendre ensuite sa montée. Les témoins de ces arrêts sont des cordons littoraux, dans le nord du Médoc, dont le plus important est le cordon coquillier de Richard, daté de -2 500 à -1 500 ans. Il domine de 1 à 2 mètres les marais récents. L’optimum de la transgression   a été atteint vers le IIe siècle avant J.C.(-2 150 à -2 050 ans), comme l’attestent les nombreux sites à sel, protohistoriques, découverts à la limite des marais et dans les marais de l’Aunis (Charentes). Les plus grandes étendues affleurantes de ces argiles sont dans le marais de Saint-Vivien-de-Médoc (rive gauche) et dans les marais de Saint-Ciers-sur-Gironde (rive droite), avec 5 à 10 mètres d’épaisseur.
La régression   finale de la mer, vers 200 ans avant J.C., jusqu’aux rivages actuels de l’estuaire, a peu à peu asséché les vases des slikkes colonisées, par la végétation des schorres, pour donner les mattes et palus actuellement couverts de prairies.

Illustrations

Parcourez les affleurements   en cliquant sur les vignettes ci-dessous et découvrez les explications géologiques et interprétations hydrogéologiques.

Figure 5 : Evolution comparée de la pression et de la conductivité de l'eau de la nappe de l'Eocène moyen calcaire, en fonction de la hauteur de l'eau dans l'estuaire de la Gironde

Figure 5 : Evolution comparée de la pression et de la conductivité de l’eau de la nappe de l’Eocène moyen calcaire, en fonction de la hauteur de l’eau dans l’estuaire de la Gironde

(figure extraite du rapport BRGM/RP-56377-FR)

Hydrogéologie

Le graphique montre les corrélations très directes d’évolutions journalière et hebdomadaire entre le niveau piézométrique de la nappe et celui du plan d’eau, ainsi que de la salinité de l’eau.

  • pression
    L’amplitude de variation du niveau piézométrique de la nappe liée à la marée (entre la pleine mer et la basse mer consécutive) dépasse 2 mètres, pour des coefficients supérieurs à 100 (fin août - début septembre), et est de 0,75 mètre pour un coefficient de 25.
    Le niveau moyen journalier a évolué de +2,80 m NGF environ en juillet, à +2,50 m NGF à fin septembre, pour atteindre +2,20 m NGF à fin décembre.
    La baisse de pression à partir de début décembre est inhabituelle dans cette nappe et dénote que la période de basses eaux s’est prolongée dans ce secteur.
    (Remarque - La situation altimétrique basse du piézomètre a entraîné son fréquent débordement, soit à +3,56 m NGF à chaque marée haute, à partir d’un coefficient supérieur à 55 ; il est probable que le niveau se serait stabilisé vers +4,00 m si le sondage avait été situé plus haut. Mais à partir du 8 novembre, la pression de la nappe avait suffisamment baissé pour que l’eau de la nappe ne déborde plus à marée haute, bien que le coefficient ait atteint 78 en vives-eaux).
  • salinité
    La salinité de l’eau est très directement liée à sa conductivité et en particulier à sa teneur en chlorures de sodium (NaCl). Plus la conductivité augmente plus la salinité aussi.
    La conductivité se maintient assez constamment vers 345 µS/cm au maximum. Deux types de variations sont cependant constatés :
    • la première, journalière, suit l’évolution de la pression dans la nappe. On voit notamment très bien la très légère augmentation de conductivité (entre 5 et 10 µS/cm) à chaque marée haute, avec une augmentation rapide et une baisse lente, qui suit l’onde de la marée, déjà bien dissymétrique dans cette partie de l’estuaire. On note toutefois que le pic de salinité est assez régulièrement en retard de 30 à 45 minutes, sur le moment du début de l’étale de marée haute.
    • la seconde, plus ou moins régulière, correspond à des chutes progressives ou rapides de 25 à 30 µS/cm (minimum vers 320 à 315 µS/cm), qui se produisent sur plusieurs jours, autour de chaque marée de mortes-eaux.
      (Remarque - Juste après son installation, la sonde de conductivité a enregistré une élévation progressive de la conductivité, de 183 à 338 µS/cm. Puis la conductivité s’est maintenue assez constamment vers 345 µS/cm au maximum. Cette forte élévation est à attribuer à la mise en équilibre de l’eau de la nappe au droit du forage, suite à l’évacuation de l’eau de foration, apportée depuis Blaye).
  • température
    La remarquable constance de la température autour de 15,4°C, tant en été qu’en fin d’automne, atteste de l’absence de communication entre les eaux de l’estuaire et celle de la nappe.

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