Voyons, en premier lieu, la géologie de l’ensemble du plateau de Benou. Le secteur se divise en 3 parties :
- les reliefs au sud (massif du Pic de l’Ourlène) sont composés de calcaires et de marnes d’âge Crétacé inférieur (-110 à -115 millions d’années environ). Ces niveaux sont visibles en orange et vert clair sur la carte géologique (au sud-ouest) ;
- les reliefs au nord (Massif du Soum de Counée) sont composés de calcaires et de marno-calcaires d’âges s’étalant du Trias au Jurassique moyen (-235 à -160 millions d’années). Ces niveaux sont représentés sur la carte géologique en orange noté d’un « t » et les couches de teintes rose à violet. Plus au nord, sur les hauteurs, on rencontre également la suite de la série, c’est-à-dire le Jurassique supérieur (en bleu sur la carte) et Crétacé inférieur (en jaune et orange au nord-est de la carte) ;
- entre les deux massifs, dans la dépression qui forme le plateau de Benou, passe une faille [1] très importante, constituée de brèches et d’écailles [2], de terrains variés (schistes du Silurien [3], calcaires du Trias, du Jurassique et du Crétacé) ainsi que des roches basiques intrusives : les ophites [4] et les lherzolithes [5] (en vert foncé sur la carte géologique).
Cette faille et les grandes écailles de roches qui la constituent ne sont pas visibles facilement (elle n’apparaît d’ailleurs pas sur la carte géologique). Seules les écailles constituées de roches plus dures « émergent du plateau » : il s’agit de la lherzolite du Turon de la Técouère (figure 1) et des calcaires du Trias que nous pourrons observer sur le terrain.
- Figure 1 : Aspect triangulaire caractéristique du Turon de La Técouère (Gutierrez T., 2013)
Le secteur du plateau est faillé et fortement fracturé. Il est plus tendre que les terrains environnants et l’érosion a été plus prononcée. De plus, à la fin du Quaternaire, le climat froid a favorisé l’installation de glaciers dans les Pyrénées, dont l’extension était beaucoup plus importante qu’actuellement. Ainsi le plateau de Benou était recouvert d’un glacier suspendu dont le témoignage aujourd’hui est attesté par le modelé du paysage et les dépôts d’argiles à blocs qui recouvrent tout le plateau et masquent la faille.
Ces argiles renferment des blocs anguleux, parfois de grande taille, appelés « blocs erratiques ». Ils ont été arrachés par le glacier et piégés dans ces derniers, transportés et déposés lorsque les glaciers ont disparu (figure 2).
Ce sont ces argiles glaciaires que nous pouvons observer sur tout le plateau à la faveur de petits escarpements ou sur les bords des ruisseaux.
- Figure 2 : Bloc erratique aux sources de Houndas (Gutierrez T., 2013)
[1] Une faille est une fracture qui a décalé les terrains. Une faille s’accompagne souvent de zone broyée et fracturée.
[2] Une écaille est comparable à un copeau géant de croûte terrestre coincé dans une faille.
[3] Le Silurien est un « étage » géologique du Paléozoïque entre -355 et -410 Ma.
[4] Les ophites sont des roches magmatiques basiques qui se sont mises en place dans des failles qui affectent les dépôts pyrénéens.
[5] Les lherzolites sont des roches magmatiques ultramafiques (basiques) décrites pour la première fois autour de l’étang de l’Hers dans les Pyrénées.