6 - Site de l’Ariey (commune de Saucats)

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Accès au site

Observation de dépôts marins, suivis d’une série témoignant de la régression   marine (Aquitanien, env. -21 Ma).

Accès

Depuis le bourg de Saucats, se diriger vers La Brède, sur la route D108. Au lieu-dit Joachim, tourner à droite sur la route C7. A 800 m de l’intersection, se garer sur le parking. Se rendre sur le site à pied.

L’affleurement   se situe en amont du moulin de Bernachon, sur la rivière « Saucats ». Le site est aménagé sous forme d’une vitrine, prolongée dans sa partie inférieure par un avant-toit.
On retrouve à la base de cette coupe, et jusque dans la rivière, les sables calcaires du sommet de la falaise de Bernachon. Nous sommes ici sur ce qui correspond au sommet de l’Aquitanien.

Voir aussi le plan des sites à l’arrêt n°4.

Carte de localisation du site à visiter (© IGN, Convention N°0137/GIP ATGeRi)
Localisation des affleurements décrits (© IGN 2009, Convention N°0137/GIP ATGeRi)

Que voir ? Que conclure ?

Observation de dépôts marins, suivis d’une série témoignant de la régression   marine (Aquitanien, env. -21 Ma).

Généralités

Le cycle complet de l’Aquitanien dure environ 2,5 Ma (de -23 à -20,5 Ma environ) : depuis les dépôts de la phase transgressive venant de l’ouest, au moulin de Bernachon (arrêt n°5) ; jusqu’aux dépôts marins littoraux, auxquels succèdent des niveaux correspondant à un retrait progressif de la mer (régression   marine), sur le site de l’Ariey.

Illustrations

Parcourez les affleurements   en cliquant sur les vignettes ci-dessous et découvrez les explications géologiques et interprétations hydrogéologiques.

Figure 1 : Vitrine d'exposition sur le site de l'Ariey (©Réserve Naturelle géologique de Saucats - La Brède)

Figure 1 : Vitrine d’exposition sur le site de l’Ariey (©Réserve Naturelle géologique de Saucats - La Brède)

Géologie

Description de la coupe de bas en haut (avec rappel de la coupe du site de moulin Bernachon) :

# Couche 5 : sable calcaire consolidé à puits de dissolution, de 4,20 m de hauteur. C’est le sommet du sable à stratifications obliques, avec toutefois un faciès plus consolidé que celui rencontré au moulin de Bernachon. Il présente :

  • une fraction détritique quartzeuse voisine de 15 %
  • une fraction carbonatée voisine de 70 %
  • et une fraction colloïdale voisine de 6 %.

Le sable calcaire s’est déposé en zone marine littorale, puis a été induré par diagenèse.
Dans un deuxième temps, il y a eu creusement de « puits de dissolution ». On observe en effet des puits cylindriques de 30 à 50 cm de diamètre, appelés « marmites », lors de leur découverte en 1989. Ce creusement a nécessité une émersion. Une transgression marine a suivi ; elle a permis l’installation de bivalves lithophages dont on retrouve les perforations à la surface de la couche. Les cavités ont été alors remplies par un falun à Amphiopes, coraux, mollusques, souvent roulés.
Il est important de noter ici que cet épisode de formation des « puits » indique une rupture de continuité dans la sédimentation de l’Aquitanien.

# Couche 6 : puits remplis, sur une hauteur de 2 m environ, avec du sable quartzeux (6A, depuis le fond jusqu’à environ 1 m de la surface), du falun grisâtre à Lucines, avec galets (6B) et du falun beige-ocre (6C). Ces faluns renferment des centaines d’espèces de mollusques dont Melongena lainei, Conus et Cypraea, ainsi que des Amphiopes, des coraux (23 espèces, essentiellement récifales).
La plupart des fossiles piégés dans ces puits présentent des traces d’usure importantes, montrant bien ainsi qu’il s’agit, en grande partie, d’une thanatocénose [1]. Les autres fossiles sont en meilleur état de conservation car « piégés » dans l’environnement immédiat des puits et recouverts rapidement par les sédiments (nacre sur certaines coquilles). Cet ensemble paléontologique, riche et diversifié, est le faciès le plus marin de l’Aquitanien du site de Saucats.
Ce niveau est daté de -21,3 Ma (datation réalisée grâce aux isotopes du Strontium).

# Couche 7 : sable calcaire, beige clair, fin, peu fossilifère, de 45 cm environ.
On y retrouve quelques bivalves (Solen : coquillages de forme allongée) en connexion. Le dépôt de sable s’est produit en zone littorale ou à l’intérieur d’une lagune, dans sa zone la plus proche de la communication avec l’océan.
Ce niveau repose sur la surface indurée de la couche 5, perforée par de très nombreux organismes lithophages.

# Couche 8 : falun beige clair à « moules » de 15 cm, qui contient :

  • des coquilles de grande taille (Perna aquitanica), qui ont conservé leur nacre,
  • des bivalves : Polymesoda brongniarti, Callista undata, Corbula carinata, Ostrea fimbriata, Lucina subscopulorum, Cardita hippopea
  • des gastéropodes : Protoma cathedralis, Ocenebra sublavata, Turritella eryna, Calyptraea depressa, Jujubinus bucklandi, Granulolabium plicatum
  • des cirripèdes [2], dont Alessandriella saucatsensis, nouveau genre et une nouvelle espèce récemment décrits.

Ce niveau est daté de -21 Ma (isotopes du Strontium et grade-datation sur les Globigerinoides primordius). Ce dépôt correspond à un milieu calme, sablo-argileux (les perna (moules), en position de vie, sont souvent bivalvées), situé dans une zone externe de lagune.

# Couche 9 : argile à huîtres, de 30 cm, de couleur gris-beige, coquillière, constituée d’illite et en plus faible proportion de montmorillonite.
La présence d’huîtres (Ostrea fimbriata), de Polymesoda et de gastéropodes saumâtres (Granulolabium plicatum), situe ce dépôt dans la zone médiane de la lagune.

# Couche 10 : cette argile à Potamides, de 10 cm environ, est de teinte plus gris-verdâtre que la précédente, avec de nombreux gastéropodes dont Granulolabium plicatum et Potamides margaritaceus, ce dernier étant plus fréquent que dans le niveau sous-jacent ; et des bivalves, Circe deshayesiana. La faune de ces deux horizons permet de penser que le milieu correspondait à la zone médiane d’une lagune.

# Couche 11 : cette argile verte et bariolée, de 0,40 m, contient de nombreux nodules calcaires, sans doute formés après dépôt par décalcification. La rareté des fossiles (quelques Gastéropodes saumâtres) pourrait montrer que c’est l’épisode le moins bien oxygéné de la coupe, avec des influences marines plus faibles. Ce dépôt s’est effectué en fond de lagune.

# Couche 12 : argile rougeâtre à « Potamides » : 0,10 m. Cette argile est riche en sels de fer donnant une teinte rougeâtre, mais cet enrichissement en colloïdes de fer est peut-être postérieur au dépôt. La diversité spécifique au sein des gastéropodes a beaucoup diminué, à cause d’une probable importante dessalure des eaux. Quelques petites espèces de gastéropodes subsistent cependant, dont Tympanotonos tournoueri et Hydrobia sp. Ce milieu est plus ouvert avec une petite oscillation marine positive, qui situe le dépôt dans la zone médiane de la lagune.

# Couche 13 : le dépôt de marne d’eau douce, de 30 cm, est de teinte beige, intermédiaire par sa lithologie entre le faciès précédent formé d’argile et celui sus-jacent de calcaire lacustre franc. On note la présence de petites moules d’eau douce (Mytilopsis), de charophytes et d’hydrobies. Pour ce dépôt, la lagune s’est refermée, et il se met en place une formation d’eau douce uniquement.

# Couche 14 : de teinte grise, assez homogène, le calcaire d’eau douce, de 25 cm, contient une faune abondante de Limnées et Planorbes (gastéropodes dulçaquicoles). Il est caractéristique d’un dépôt lacustre.

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