3 - Formations du Jurassique et du Crétacé supérieur en Périgord

Département : Dordogne
Âge : entre -160 et -85 Ma
Formation : Jurassique moyen / Crétacé supérieur
Carte géologique : 734, 735, 758, 759



Cet itinéraire vous fera découvrir les formations carbonatées sédimentées vers la fin de l’ère secondaire, entre -160 et -85 millions d’années, c’est-à-dire entre le Jurassique moyen (Bathonien) et le Crétacé supérieur (Santonien). Ces formations constituent les principaux réservoirs des nappes   du département de la Dordogne.

Nous allons nous arrêter sur :

  • des formations du Crétacé supérieur :
    • les calcaires du Coniacien-Santonien,
    • les calcaires du Turonien moyen et supérieur (40 à 50 m d’épaisseur) ;
  • des formations jurassiques :
    • les calcaires et dolomies   du Bajocien/Bathonien supérieur,
    • les calcaires et dolomies   du Callovien/Oxfordien (200 à 700 m d’épaisseur).

La balade s’effectue dans le département de la Dordogne entre les plateaux du Causse Cubjac et les gorges de la vallée de la Dronne, selon une boucle de plusieurs dizaines de kilomètres en Périgord Blanc et Vert. Elle permet de présenter des coupes géologiques de référence régionale illustrant différents faciès   et paléoenvironnements   typiques de plates-formes carbonatées installées à la périphérie du Massif Central.
La grande diversité des faciès   calcaires est le reflet des sédiments très variés qui se sont déposés en milieu marin littoral ou moyennement profond, entre 85 et 160 millions d’années avant notre ère, dans le centre du département de la Dordogne.

L’ensemble des couches s’enfonce progressivement depuis le nord-est, où affleurent le Permo-Trias et le Jurassique, vers le sud-ouest où se voient le Crétacé, puis le Tertiaire. Cependant des ondulations (plissements structuraux) et des failles, consécutives à la poussée de la surrection   des Pyrénées à travers le bassin   d’Aquitaine, perturbent localement cet agencement : anticlinaux de Périgueux, de Brantôme, de la Tour-Blanche, faille du Change…

Compte tenu des pendages des couches vers le sud-ouest, les nappes   libres de la partie nord-est s’enfoncent progressivement vers le « fond » du bassin   et deviennent captives sous les différentes formations imperméables. Il existe un nombre et une variété importante d’aquifères   superficiels (nappes   libres). Des plus récents aux plus anciens, citons :

  • les alluvions du Quaternaire, captées dans les vallées,
  • le Tertiaire sablo-argileux, recouvrant généralement les formations crétacées et ne prenant de l’importance que dans la Double et le Landais,
  • les formations carbonatées du Crétacé supérieur, couvrant plus de la moitié du département,
  • les calcaires du Jurassique répartis sur les bordures est et nord-est,
  • les arènes et sables d’altération des terrains cristallins et les grès du Permo-Trias.

Les principales nappes   profondes du secteur étudié sont de grande extension. Elles sont le prolongement des nappes   superficielles.
Dans les séries sédimentaires ci-dessous, présentées de la formation la plus récente à la plus ancienne, on distingue les formations aquifères   observées dans cette excursion en gras :

1 - les aquifères   plus ou moins karstiques   du Crétacé sont surtout captés en Périgord Blanc et Périgord Noir où leur profondeur (300 à 400 m) le permet. Les trois principaux aquifères   sont :

  • les calcaires et grès du Crétacé terminal (Campanien supérieur-Maastrichtien) qui font 50 à 100 m d’épaisseur. Ils sont exploités pour l’agriculture et l’A.E.P.   près des zones d’alimentation à Bergerac, Lalinde, Eymet, Mussidan… En Gironde, ils constituent une ressource de substitution à la nappe   de l’Eocène et sont essentiellement utilisés pour l’industrie (Centrale du Blayais) et l’A.E.P.,
  • les calcaires, grès et sables du Coniacien-Santonien (40 à 200 m d’épaisseur.),
  • les calcaires, grès et sables du Turonien moyen et supérieur (40 à 50 m d’épaisseur),
  • les sables et grès carbonatés du Cénomanien.
    L’ensemble Turonien-Coniacien-Santonien constitue une des ressources les plus importantes pour l’A.E.P.   et l’agriculture dans les départements de la Dordogne, de la Charente et de la Charente-Maritime.

2 - les aquifères   calcaires karstiques   du Jurassique sont séparés par des formations marneuses ou marno-calcaires. Ce sont de haut en bas :

  • les calcaires du Tithonien (Portlandien) (50 à 100 m d’épaisseur),
  • les calcaires et dolomies   du Bajocien/Bathonien supérieur et du Callovien/Oxfordien (200 à 700 m d’épaisseur),
    Cette série s’étend et s’approfondit sur un vaste domaine. L’ensemble aquifère   peut fournir des débits très élevés : il est très exploité en Lot-et-Garonne et constitue la principale ressource d’eau souterraine pour l’A.E.P.   En Dordogne, il est aussi sollicité pour l’agriculture et l’industrie. Il est connu en Gironde grâce aux forages pétroliers.
  • les grès et calcaires dolomitiques   du Lias inférieur et moyen (20 à 200 m d’épaisseur).

Les aquifères   profonds du Jurassique et du Crétacé supérieur sont alimentés par :

  • les zones d’affleurements   des aquifères   libres orientées nord-ouest - sud-est en Dordogne,
  • les anticlinaux, tels que ceux de la Tour Blanche, Saint-Cyprien, Sauveterre… : les formations aquifères   captives se retrouvent localement à l’air libre, comme par exemple le Jurassique terminal dans l’anticlinal   de la Tour Blanche.
    Les nappes   s’écoulent globalement vers l’ouest en s’approfondissant.
    Le caractère très karstique   des aquifères   entraîne des transferts souterrains rapides qui le rendent particulièrement vulnérable (turbidité  , nitrates, aluminium…).

Cette excursion parcourt les 3 cartes géologiques à 1/50 000 dont les levers ont été réalisés par les géologues du BRGM entre 1976 et 1988 :

  • Périgueux Est,
  • Périgueux Ouest,
  • et Thiviers.

Le Périgord Blanc doit son nom à son sol calcaire. Sa capitale, Périgueux, est construite de ces pierres blanches, tout comme le prestigieux château de Hautefort.
Le Périgord Vert, situé au nord de la Dordogne, est appelé ainsi en raison de ses collines verdoyantes. Il présente de doux paysages traversés par de nombreuses rivières bordées de châteaux.

Cette région présente une exceptionnelle concentration en sites paléolithiques, plus de 50 grottes et abris, traces d’habitats, sépultures, ont été mis à jour dans la région. Cette richesse paraît liée à plusieurs facteurs :

  • l’extension à l’affleurement   des calcaires massifs du Turonien et du Coniacien, associé à leur altération (gélifraction  , karstification), a permis la création d’abris sous roche et de cavité,
  • de larges voies de circulation, résultant d’un important réseau hydrographique, propices aux déplacements tant des hommes que du gibier,
  • des matières premières siliceuses très abondantes, notamment dans les formations crétacées du Santonien, voisines des abris.

Lors de la balade, plusieurs sites localisés à proximité de Bourdeilles concerneront les falaises du Coniacien qui forment les gorges de la Dronne. « Le Fourneau du Diable » (ou Forge du Diable) en l’occurrence comprend un gisement préhistorique remarquablement riche, concentré au Solutréen, il y a environ 18 000 ans.