Principes du suivi qualité en Gironde

par P. Corbier - BRGM Aquitaine

Ce document est issu d’un travail réalisé dans le cadre du programme du contrôle qualité et de gestion des nappes   souterraines de Gironde, programme financé à 80 % par le Conseil départemental de Gironde (avec le soutien financier de l’Agence de l’Eau Adour-Garonne) et à 20 % par le BRGM.

Les différents réseaux

Au niveau de chaque département, le suivi des captages d’eau potable est assuré par l’ARS (l’Agence Régionale Sanitaire). La fréquence des contrôles est liée aux volumes annuels prélevés et aux éventuels problèmes qualitatifs rencontrés.

Parallèlement à ces contrôles, la Directive   Cadre Européenne sur l’Eau (DCE) du 23 octobre 2000 qui fixe aux Etats membres de l’Union Européenne des objectifs de reconquête de la qualité de l’eau et des milieux aquatiques d’ici 2015, préconise des procédures de surveillance quantitative et qualitative des masses d’eau.

La surveillance qualitative des masses d’eau (réseau RCS) est confiée aux départements et financée par les Agences de l’Eau (figure 1). Dans certains départements comme la Gironde ou la Dordogne, le BRGM intervient comme opérateur technique pour le compte du département.

En plus du suivi des masses d’eau préconisé par la DCE, les départements peuvent se doter de réseaux départementaux destinés à suivre l’évolution de la qualité au droit de secteurs spécifiques (ex : domaine minéralisé de l’Eocène en Gironde). Dans ce cas aussi, les opérations de suivi sont financées par l’Agence de l’Eau ; elles peuvent être opérées par le BRGM.

Figure 1 : Réseaux qualitatifs de Gironde

Les analyses

Pour les points destinés à suivre les masses d’eaux (réseaux RCS), le programme analytique est défini par l’Agence de l’Eau. Il comporte le dosage :

  1. des paramètres physico-chimiques non conservatifs (mesures in situ de la température, de la conductivité, du pH, du potentiel d’oxydo-réduction et de l’oxygène dissous),
  2. des éléments majeurs (bicarbonates, carbonates, chlorures, sulfates, calcium, magnésium, sodium, potassium),
  3. des matières organiques oxydables (oxydabilité et carbone organique dissous),
  4. des matières en suspension (turbidité  , fer total, manganèse total),
  5. des paramètres de la minéralisation et de la salinité (dureté totale calculée à partir des concentrations ioniques mesurées, silice, fluorures),
  6. des composés azotés (nitrates et ammonium),
  7. des micropolluants minéraux (antimoine, arsenic, bore, cadmium, chrome total, cuivre, cyanures libres, mercure, nickel, plomb, sélénium, zinc),
  8. des micropolluants organiques :
    • les organoazotés (atrazine, déséthylatrazine, simazine, déséthylsimazine, terbuthylazine),
    • les urées substituées (chlortoluron, diuron, isoproturon),
    • les organochlorés en environnement rural (lindane, métazachlore, métolachlore),
    • les composés organo-halogénés volatils en environnement urbain ou industriel (chloroforme, tétrachloréthylène, tétrachlorure de carbone, trichloréthane, trichloréthylène).

Les éléments de la 7ème rubrique (micropolluants minéraux) ne sont analysés qu’une fois tous les 5 ans ; la dernière campagne date de 2007. Les composés de la 8ème rubrique ne sont analysés que sur les points libres.

Le protocole de base prévoit une fréquence d’analyse biannuelle pour les sources et les forages sollicitant des aquifères   libres (un prélèvement   en hautes eaux et un prélèvement   à l’étiage), et annuelle pour les forages sollicitant une nappe   captive (un prélèvement   en basses eaux). Les points implantés dans les masses d’eau à risque (de non atteinte du bon état à l’horizon 2015) font l’objet de 2 contrôles intermédiaires supplémentaires dans le cadre d’un contrôle dit « opérationnel ».

A l’issue de chaque campagne d’analyses, les résultats sont bancarisés dans ADES (Accès aux Données sur les Eaux Souterraines - http://www.ades.eaufrance.fr/), base de données qui recense tous les résultats des analyses effectuées sur des points appartenant à des réseaux.

Pour les points départementaux, les molécules recherchées et le programme analytique sont souvent similaires à ceux décrits précédemment. Les données sont aussi bancarisées dans ADES.

Les résultats

Les résultats peuvent être valorisés sous la forme de tableaux récapitulatifs et/ou de cartes. En Gironde, les résultats obtenus sur les points suivis par le BRGM (points RCS et départementaux) sont superposés aux résultats obtenus sur les captages AEP  . Dans ces conditions, les cartes permettent d’avoir une bonne vision de la qualité des différentes nappes   (figures 2 et 3).

Figure 2 : Répartition des teneurs en chlorures, sodium, sulfates, fer, fluor et calcium pour la nappe de l’Eocène inférieur à moyen (Analyse la plus récente sur la période 1990-2009)
Figure 3 : Répartition des teneurs en chlorures, sodium, sulfates, fer, fluor et nitrates pour la nappe de l’Oligocène (Analyse la plus récente sur la période 1990-2009)



Pour de plus amples informations, le lecteur pourra se référer aux rapports relatifs aux suivis qui ont été menés en Gironde et en Dordogne en 2009 :

Enfin, en matière de dosage systématique des pesticides et des composés inscrits sur les listes de l’Agence de l’Eau (avec distinction de l’environnement agricole ou urbain), les analyses menées en 2009 en Gironde ont permis de mettre en évidence les molécules suivantes :

Figure 4 : Nombre de points de contrôle ayant présenté des teneurs supérieures aux limites de détection (analyses 2009)

L’Oligocène est l’aquifère   qui s’est caractérisé par la plus haute fréquence de détection (2,43 molécules par point contre 1,44 pour le Plio-Quaternaire).

Certaines teneurs dosées (atrazine déisopropyl, atrazine déséthyl, simazine, terbuthylazine déséthyl, chloroforme et tétrachloroéthène) ont été supérieures aux limites de qualité des eaux destinées à la consommation humaine.

Au final les contrôles qualitatifs effectués sur les points des réseaux RCS et départementaux permettent chaque année d’étoffer les bases de données. Celles-ci sont utilisées par les gestionnaires (Agence de l’Eau Adour-Garonne, ARS, DREAL, DDTM, DDT, syndicats …) qui s’en servent pour prendre des décisions ou proposer des études spécifiques. Grâce à ADES, les données sont mises à disposition d’un public plus large (bureaux d’études, particuliers…).

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Gironde - Suivi de la qualité