Principe de découpage des masses d’eau souterraine (MESO) en Unités de Gestion



La Directive   Cadre Européenne sur l’Eau (DCE) a défini un référentiel commun pour l’évaluation et la surveillance de l’état des ressources en eau. Ce référentiel est basé sur la notion de masses d’eau superficielles (MESU) ou souterraines (MESO). Il inclut un ensemble de définitions à utiliser pour délimiter et caractériser ces masses d’eau, pour évaluer leur état, pour les surveiller et pour présenter les résultats.


Sommaire de l’article :


1. Des objectifs


Pour atteindre ses objectifs, la DCE exige des états membres de se doter de moyens nécessaires au maintien ou à la restauration du bon état des eaux superficielles et souterraines d’ici 2015.

En Adour-Garonne, il a été jugé prioritaire de répondre à cette exigence par une approche multicritères visant à identifier au sein de chaque MESO des unités cartographiques élémentaires présentant des fonctionnements homogènes : les Unités de Gestion.

Chaque masse d‘eau est ainsi sectorisée et peut être caractérisée localement, et non systématiquement dans son ensemble. Les Unités de Gestion disposent à terme de leur(s) propre(s) point(s) de contrôle. En cas de pollution avérée sur une ou plusieurs unités de gestion, la masse d’eau n’est plus déclassée dans son ensemble ; seule(s) l’(les)unité(s) concernée(s) est(sont) déclassée(s).

Un travail cartographique est ensuite réalisé avec mise en place d’un Système d’Information Géographique (SIG) qui a pour finalité de :

  • caractériser la vulnérabilité à la pollution des différents milieux, vulnérabilité dite totale qui s’obtient par croisement de deux vulnérabilités calculées séparément et établies à l’échelle régionale : la vulnérabilité intrinsèque du milieu et la vulnérabilité liée au mode d’occupation du sol (MOS - CORINE Land Cover) ;
  • hiérarchiser les plans d’action : où faut-il intervenir en premier lieu et comment ?
  • sensibiliser et communiquer.

2. Des travaux de référence


Ce travail a déjà été réalisé au début des années 2000 sur les huit départements de la région Midi-Pyrénées, avec l’appui de l’Agence de l’Eau Adour Garonne et de la DIREN de Bassin  . Il s’est avéré indispensable au suivi qualité des eaux souterraines, et a permis notamment d’optimiser les réseaux d’observation.

Sa mise en œuvre sur tout le bassin   Adour Garonne est ainsi apparue souhaitable et urgente en particulier pour l’optimisation de la mise en place du suivi renforcé des masses d’eau à risque.

3. Une démarche avancée en Aquitaine

En Aquitaine, l’Agence de l’Eau Adour Garonne (AEAG), chargée de l’application de la directive   cadre sur son district, et les Conseils généraux de Dordogne, de Gironde, de Lot-et-Garonne et des Pyrénées-Atlantiques ont confié dès 2009 au BRGM le travail de découpage des masses d’eau souterraine (MESO) en Entités Hydrogéologiques de Fonctionnement Homogène (EHFH).

Cette tâche est menée dans le cadre de la mission de service public du BRGM relevant de la thématique EAU.

Ces EHFH correspondront aux Unités de Gestion après prise en compte de la vulnérabilité, modifications éventuelles à dire d’expert, et validation par l’AEAG et les Conseils généraux concernés.

La première étape du travail qui concerne la délimitation des EHFH, est basée sur le découpage des masses d’eau et s’appuie aussi sur :

  • les entités hydrogéologiques définies dans le cadre de la mise à jour du référentiel hydrogéologique de la France (BD LISA),
  • la base de données BD Carthage® de l’IGN (les bassins versants et leurs regroupements) (figure 1),
  • le Modèle Numérique de Terrain (MNT),
  • les données disponibles sur les systèmes karstiques  .



    <span class="caps">UG</span> Gironde 5045 7 (Arcachon)Figure 1 : Limite d’une unité de gestion - secteur bassin   d’Arcachon (Gironde) - [BRGM/RP-57909-FR]



La seconde étape de caractérisation des EHFH est elle, basée sur les deux phénomènes opposés liés au sol : le ruissellement et l’infiltration.

Trois types d’EHFH sont définis en fonction du comportement du sol, et des abréviations (en italique) leur sont attribuées respectivement :

  • ruissellement prépondérant -> bv (bassin   versant)
  • infiltration prépondérante -> pf ou k (poreux fissuré ou karstique  
  • coexistence ruissellement et infiltration -> pf + bv ou k + bv

Les EHFH peuvent être superposées comme en bordure sud de la Gironde où sont découpées des EHFH affleurantes et des EHFH sous couverture (figure 2).



<span class="caps">EFHF</span> médoc, bordure sud de la GirondeFigure 2 : Exemple de constitution d’une EHFH de type infiltrant sur un secteur présentant des zones d’affleurements   des formations du Tertiaire - [BRGM/RP-57909-FR]



La troisième étape consiste à attribuer une vulnérabilité totale moyenne aux EHFH d’après les indices de vulnérabilité totale calculée par km2 à l’échelle régionale (figure 3).



Figure 2 : Unité de Gestion Gironde 5045 7 (Arcachon)Figure 3 : Vulnérabilité totale moyenne d’une unité de gestion - secteur bassin   Arcachon (Gironde) - [BRGM/RP-57909-FR]



Le travail est déjà achevé sur les quatre départements impliqués. Le département des Landes réalisera lui-même le travail de délimitation des Unités de Gestion sur son territoire. Des couches SIG réalisées par le BRGM lui ont été fournies à cette fin.

Le nombre d’EHFH délimitées en Aquitaine est de 392, sans compter celles des Landes. Elle sont réparties respectivement par département :

  • 119 en Dordogne,
  • 95 en Gironde,
  • 55 en Lot-et-Garonne,
  • 123 dans les Pyrénées-Atlantiques.

4. Des travaux à venir en concertation


Certaines de ces EHFH en limite de département se partagent sur deux, voire trois départements ; d’autres se partagent avec les régions frontalières (Poitou-Charentes ou Midi-Pyrénées). Des arbitrages et des prises de décisions sont à prévoir pour :

  • privilégier les EHFH d’ordre stratégique : celles concernant des aquifères   très sollicités pour l’AEP  ,
  • et/ou regrouper les EHFH de moindre importance.

Un travail de réflexion engageant l’AEAG et les services techniques des conseils généraux concernés sera nécessaire pour optimiser les points de surveillance (nombre, localisation géographique).

Le repositionnement de certains points de contrôle actuels, voire la réduction ou l’augmentation de leur nombre, est envisagé pour certaines masses d’eau, le travail de découpage en unités de gestion devant être intégré. Ces découpages pourront donc être modifiés à la marge en fonction :

  • d’éléments complémentaires issus du traitement des départements limitrophes,
  • du mode d’occupation du sol (CORINE Land Cover)
  • ou de la nécessité de regrouper certaines unités.

La gestion d’un nombre important d’Unités de Gestion a déjà été rencontrée dans la région Midi-Pyrénées. Suite à une concertation avec l’AEAG et les décideurs régionaux, un regroupement des Unités de Gestion en Méga Unités de Gestion (MUG) a été proposé par le BRGM. Des bassins versants ont ainsi été regroupés en Méga bassins versants (MBV).

La prochaine étape de ce travail visera à évaluer la représentativité des points de contrôle actuels pour chaque masse d’eau du Bassin   Adour-Garonne.

C’est un des objectifs des rapportages européens visant à actualiser l’état des lieux des masses d’eau en s’intéressant principalement à l’évaluation de la pression démographique qui s’exerce sur ces masses d’eau : impact des prélèvements et impact des activités agricoles et industrielles.

Pour en savoir plus :

Consulter les rapports de référence sur la « Cartographie des Unités de Gestion de la qualité des eaux continentales. Aptitude au ruissellement/infiltration » dans les départements de :

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Les masses d’eau