Sommaire de l’article :
I. Contexte général
En Gironde, le suivi piézométrique des nappes a débuté en 1958 sur la nappe de l’Eocène et a progressivement été étendu aux 5 grands autres systèmes aquifères du département (Jurassique, Crétacé supérieur, Oligocène, Miocène et Plio-Quaternaire). Parallèlement à ce suivi, le contrôle de la qualité des eaux souterraines a débuté en 1990 avec pour objectifs, l’identification des aquifères les plus vulnérables et la mise en évidence d’une éventuelle dégradation des ressources.
Les suivis et les contrôles qui sont menés sur les nappes profondes contribuent à fournir les éléments de connaissance nécessaires au tableau de bord du SAGE « Nappes profondes de Gironde » [1], révisé en 2013, à la gestion des prélèvements, à l’évaluation des ressources potentielles et au diagnostic de l’état des nappes ; ceci afin de répondre aux exigences de la DCE [2].
Les suivis qui sont menés sur les nappes les plus superficielles peuvent contribuer, de leur côté, à fournir aux autres SAGE de Gironde (Lacs médocains, Etangs littoraux Born-et-Buch, Leyre, Cours d’eau côtiers et milieux associés, Ciron, Estuaire de la Gironde et milieux associés, Vallée de la Garonne, Isle-et-Dronne, Dropt et Dordogne-Atlantique) des éléments de compréhension sur le fonctionnement des hydrosystèmes (évolution des niveaux dans le temps, relations nappe /rivière…).
La figure 1 représente les points implantés dans les formations plio-quaternaires qui sont suivis par le BRGM en Gironde, dans le cadre du programme « Gestion des nappes de Gironde » (partenariat BRGM/Conseil Départemental 33) ou du suivi piézométrique effectué pour le compte de l’ONEMA [3]. Ils sont identifiés par un code à 10 chiffres correspondant à leur indice BSS [4].
- Figure 1 : Localisation des piézomètres (image de gauche) et des qualitomètres (image de droite) sollicitant les formations du Plio-Quaternaire, ayant été régulièrement suivis en 2014
Les données relatives à l’ensemble de ces points (piézométrie et analyses chimiques) sont bancarisées dans ADES [5] et consultables à partir de l’onglet « Accès aux données », puis en choisissant « recherche par code BSS ». Vous retrouvez aussi ces informations par l’intermédiaire du menu « Consultation des données », sur le site du SIGES Aquitaine.
II. Suivi piézométrique
Sur la figure 1 (carte de gauche), les points implantés dans les formations superficielles, ayant fait l’objet d’un suivi piézométrique régulier en 2014, sont repérés en fonction de la fréquence de mesures.
47 points ont été suivis à une fréquence continue ou mensuelle (même nombre de points qu’en 2013, mais la fréquence de l’ouvrage 07807X0130-Coutras-« Petits Rois » est passée de mensuelle à continue). Le suivi continu a été assuré au moyen de capteurs, enregistrant le niveau de l’eau, à intervalles réguliers. Ces dispositifs peuvent être couplés à des moyens de télétransmission qui permettent de disposer de l’information en temps réel sans se déplacer sur les ouvrages. Les suivis mensuels ont été assurés au moyen de sondes piézométriques manuelles.
La figure 2 représente les chroniques relatives à 4 ouvrages :
- Vendays-Montalivet-« Mayan » (07298X0037/P) implanté au droit du SAGE Estuaire (sables plio-quaternaires),
- Porchères-« Le Petit Musset » (07808X1069/P) implanté au droit du SAGE Isle-Dronne (alluvions de l’Isle et de la Dronne),
- Cours de Monségur (08296X0023/P6) implanté au droit du SAGE Dropt (alluvions du Dropt),
- Préchac-« Merrein » (08754X0028/P) implanté au droit du SAGE Ciron (sables plio-quaternaires).
- Figure 2 : Chroniques piézométriques relatives à quelques ouvrages sollicitant les formations du Plio-Quaternaire en Gironde
Cette illustration montre que les niveaux atteints en 2014 correspondent aux cotes les plus élevées des historiques représentés pour 3 des 4 ouvrages. Dans le cas de l’ouvrage de Cours-de-Monségur, les niveaux atteints en 2014 sont similaires à ceux atteints en 2013. On note par ailleurs une décroissance des niveaux plus régulière en 2014 qu’en 2013. La pluviométrie de 2014 (1005 mm sur le poste météorologique de Mérignac), bien que légèrement inférieure à celle de 2013 (1050 mm sur le même poste), a donc engendré des niveaux légèrement plus élevés.
III. Suivi qualité
En 2014, 9 qualitomètres ont fait l’objet d’un suivi dans le cadre du programme « Gestion des nappes de Gironde » (même nombre de points qu’en 2013) (cf. figure 1, carte de droite). Ces 9 points font l’objet d’au moins 2 prélèvements (en hautes eaux et à l’étiage). Pour les points implantés dans les masses d’eau à risque de non atteinte du bon état à l’horizon 2015 [6], 2 prélèvements supplémentaires ont été effectués dans le cadre du contrôle dit « opérationnel ».
Les analyses ont comporté une mesure des paramètres physico-chimiques sur le terrain ainsi que le dosage des éléments majeurs, des matières organiques oxydables, des matières en suspension, des paramètres de la minéralisation et de la salinité, des composés azotés, des métaux aluminium et bore, et des micropolluants organiques.
En 2014, 3 points de ces 9 ouvrages se sont caractérisés par des teneurs en nitrates supérieures à 5 mg/l. Les teneurs maximales dosées ont été de :
- 20 mg/l sur l’ouvrage 08521X0231 (Sainte-Croix-du-Mont, SAGE Vallée de la Garonne), contre 10 mg/l en 2013 ;
- 66 mg/l sur l’ouvrage 08524X0046 (Floudes, SAGE Vallée de la Garonne), contre 65 mg/l en 2013 ;
- 199 mg/l sur l’ouvrage 08058X0092 (Saint-Avit-Saint-Nazaire, SAGE Dordogne-Atlantique), contre 224 mg/l en 2013 ; ouvrage dont la représentativité par rapport à la MESO FRG024 est en cours d’analyse dans le cadre du projet de caractérisation chimique de la nappe alluviale de la Dordogne - projet CHINAD.
En matière de micropolluants organiques, seuls des pesticides ont été détectés sur les ouvrages suivis dans le cadre de la « Gestion des nappes de Gironde » et sur les points AEP suivis dans le cadre du contrôle sanitaire (cf. figure 3) (pas de HAP recherché et aucun COV quantifié sur les 11 points d’eau échantillonnés).
Les molécules les plus fréquemment quantifiées correspondent au métolachlor ESA [7], au métolachlor OXA [8] et à la simazine (molécules retrouvées sur 3 à 5 ouvrages avec une teneur maximale de 0,82 µg/l de métolachlor ESA dosée sur l’ouvrage 08524X0046/F à Floudes-« Labarthe »). On notera que l’utilisation de la simazine est interdite depuis 2003. Il en va de même pour le métolachlore. Cette molécule a été remplacée par le S-métolachlore mais les métabolites restent identiques (metolachlor ESA et OXA).
De façon plus générale, il apparaît que les ouvrages de Floudes et de Saint-Jean-d’Illac correspondent aux points d’eau sur lesquels le nombre de molécules quantifiées a été le plus important (respectivement 6 et 8 molécules).
- Figure 3 : Teneurs maximales en pesticides dosées en 2014 sur les ouvrages sollicitant les formations du Plio-Quaternaire
IV. Conclusion
Les points d’eau sollicitant les formations superficielles et suivis dans le cadre de la gestion des nappes de Gironde constituent des ouvrages de référence auxquels les organismes en charge de la gestion de l’eau au droit des SAGE superficiels, les bureaux d’études ou les particuliers peuvent se référer. Les rapports récents concernant les formations plio-quaternaires, ainsi que le rapport rédigé dans le cadre du projet CHINAD, constituent d’autres sources documentaires intéressantes.