Les projections climatiques via la modélisation
Depuis plus d’un siècle, une hausse des températures a pu être observée. L’évolution des précipitations, elle, ne montre pas de tendance généralisée sur le territoire mais plutôt une évolution hétérogène.
Pour étudier les impacts de ces changements climatiques sur la ressource en eau souterraine, des travaux de modélisation sont menés sur le bassin Adour-Garonne. Différentes projections climatiques sont couplées à des modèles numériques afin de prévoir les futurs scénarios concernant l’évolution du climat et de la ressource souterraine. Ainsi ces outils permettent de simuler non seulement le fonctionnement actuel de certains systèmes hydrogéologiques mais aussi leur fonctionnement futur.
L’impact direct sur la ressource en eau souterraine
De nombreuses masses d’eau sont répertoriées dans le bassin Adour-Garonne : 2 913 au total. 105 d’entre elles représentent des masses d’eau souterraines. Sur les 105 masses d’eau souterraines, 85 sont des nappes libres et 20 sont des nappes captives. Actuellement, on recense 6 nappes souterraines en déséquilibre.
Equilibre | Déséquilibre | Doute |
70 | 6 | 29 |
D’après les études menées, les changements climatiques auront des répercussions directes sur les ressources en eau souterraine, aussi bien sur le plan quantitatif que qualitatif.
Modification des flux entrants et des flux sortants
La recharge en eau des nappes souterraines, et plus particulièrement des nappes libres, se fait grâce à l’infiltration de l’eau de pluie. Cette recharge dépend donc des précipitations. Les différentes études menées sur les changements climatiques montrent, en règle générale, une diminution des précipitations, notamment pour la période estivale. A cela s’ajouterait une augmentation de l’évapotranspiration, ce qui diminuerait encore l’eau réellement infiltrée.
La diminution du flux entrant dans le système changerait les conditions de recharge des systèmes hydrogéologiques.
En ce qui concerne les flux sortants, il existe une étroite relation entre les cours d’eau et les aquifères souterrains. Généralement, les cours d’eau alimentent les nappes en hiver et sont alimentés par ces dernières en été.
Si les cours d’eau sont amenés à connaître des périodes d’étiage plus importantes, alors les nappes joueraient un rôle plus important en matière d’alimentation des cours d’eau. Le volume d’eau sortant des nappes serait alors plus important et étalé sur une plus grande période.
Modification de l’interaction nappes /cours d’eau
En période hivernale ou de hautes eaux, ce sont les cours d’eau qui alimentent les nappes . Ainsi, une baisse des débits des cours d’eau engendrerait une plus faible recharge des eaux souterraines en hiver.
Intrusion marine
Les systèmes hydrogéologiques côtiers sont caractérisés par une interface eau douce / eau salée. Certains de ces systèmes pourraient être impactés par une surcote du niveau marin et un déplacement du trait de côte vers l’intérieur du domaine continental. Ces deux facteurs pourraient perturber l’équilibre actuellement existant par un déplacement du front de salinité et une modification du biseau salé. Les captages en eau de ces aquifères seraient alors en péril.
Cependant, la façade atlantique du bassin Adour-Garonne reste peu vulnérable à cette intrusion saline. Il semblerait que ce soit la modification du trait de côte qui constituerait le plus grand risque à l’intrusion saline et non pas la montée du niveau de la mer.
En savoir plus
Un impact indirect dû à la pression de l’homme sur son environnement
Le changement climatique va induire également des impacts indirects sur la ressource en eau souterraine avec par exemple :
- une augmentation des volumes prélevés pour la consommation domestique, particulièrement pendant les périodes de sécheresse qui pourraient être de plus en plus fréquentes dans le futur ;
- une augmentation des prélèvements pour l’irrigation, car plus il fait chaud, plus les plantes ont besoin d’eau ;
- une augmentation des prélèvements d’eau souterraine induite par la diminution des ressources disponibles en surface.
Ainsi, les questionnements portent à la fois sur le court terme avec la gestion des périodes de demandes sévères et ponctuelles comme la période d’irrigation, mais également sur le long terme avec l’effet cumulé d’un déficit de recharge ou d’alimentation, associé à une forte augmentation des prélèvements.
Des incertitudes demeurent…
Malgré les outils de simulation de plus en plus performants, il reste toutefois difficile de prévoir l’évolution exacte du climat et par conséquence, son impact sur les masses d’eau.
De plus, l’évolution de la ressource en eau est à mettre en lien étroit avec l’évolution démographique de l’Aquitaine et l’évolution des consommations des prochaines années. Il est certain que les acteurs locaux et les actions mises en place vis-à-vis des changements climatiques jouent et joueront un rôle majeur sur l’état futur des masses d’eau.