Au cours du Crétacé supérieur (-99 à -65 Ma), l’élévation mondiale du niveau des mers déclenche la dernière et la plus importante des transgressions, qui s’organise en deux grands cycles T/R de 2ème ordre (Platel, 1987, 1996). A partir du Cénomanien inférieur (-99 Ma), la mer s’avance de nouveau progressivement sur le continent mais c’est au début du Turonien (-93 Ma) que la transgression se généralise. La structuration sud-est - nord-ouest, acquise au Crétacé inférieur, conditionne la répartition des dépôts sur la plate-forme nord-aquitaine faiblement subsidente.
Au nord et à l’est, durant tout le Crétacé supérieur, des calcaires crayeux à silex se déposent dans des vasières peu profondes, bordées de zones plus côtières caractérisées par des lagons et des récifs à rudistes . Sur le pourtour du Massif central, qui s’érode peu à peu, se déposent des sédiments sablo-argileux marins à supralittoraux.
Au sud et au sud-ouest subsistent deux bassins profonds, subsidents, qui sont le siège d’une sédimentation à dominante argileuse. Ces bassins sont séparés par le seuil des Landes, surélevé par la poussée des diapirs de sel. Le bassin du sud, établi à la charnière de l’Aquitaine et des futures Pyrénées, est en relation directe avec l’Atlantique nord qui commence à s’ouvrir. Il s’est formé par la coalescence des différents petits fossés albiens de la bordure pyrénéenne (Canérot, 2008). Il s’agit d’un sillon orogénique subsident à sédimentation marine profonde très épaisse (plus de 4 500 m) de type flysch, formation constituée par des dépôts très alternants en séquences granoclassées turbiditiques, à cônes détritiques profonds alimentés par le transport de sédiments le long de nombreux canyons entaillant les flancs du sillon. La dynamique de ce sillon est en relation avec l’amorce d’une tectonique en compression donnant des plis et des chevauchements, fossilisés au fur et à mesure par les dépôts sédimentaires (Razin, 1989 ; Debroas, 1998 ; Canérot, 2008).
- Le bassin d’Aquitaine au Crétacé supérieur (source : BRGM - 1986)
Un volcanisme sous-marin lié à des failles normales, dont l’âge s’échelonne de l’Albien au Sénonien inférieur (environ -110 à -85 Ma), se manifeste tout le long de la zone nord-pyrénéenne sous forme de coulées et d’intrusions basaltiques.
Le bassin de Parentis, au sud-ouest, devient un sous-bassin plus nettement ouvert sur l’Atlantique. Durant la première moitié du Crétacé supérieur, il ne se dépose que des sédiments peu épais, argilo-carbonatés. En revanche, pendant la seconde moitié du Crétacé supérieur, une puissante décharge détritique , venue de la plate-forme, recouvre le versant nord du secteur.
Avec la fin du Crétacé supérieur débute une régression générale à l’échelle mondiale ; la mer commence à se retirer progressivement de l’Aquitaine, de façon plus précoce (Campanien supérieur) sur la plate-forme nord-aquitaine (Platel, 1987) que dans sa partie centrale et méridionale. Après une longue période de tectonique en distension, au cours de laquelle se sont produites d’importantes ouvertures océaniques le long des cassures téthysienne et atlantique, une nouvelle période tectonique commence, globalement compressive. Elle traduit le début du rapprochement des plaques Afrique et Europe, responsable des prémices de la phase orogénique pyrénéenne. Ce rapprochement est en partie induit par l’ouverture océanique de l’Atlantique nord, entre le Groenland et l’Europe du nord (Dercourt et al., 2000).