Le département de la Gironde se caractérise par la présence d’importantes réserves en eaux souterraines, plus ou moins profondes. Le niveau et la qualité des eaux, des 5 grands systèmes aquifères profonds du département (Jurassique, Crétacé supérieur, Éocène, Oligocène et Miocène), sont suivis dans le cadre de la Directive -Cadre sur l’Eau (DCE), auquel s’ajoute le réseau de suivi du Département de la Gironde.
Le double suivi des nappes : « quantité » et « qualité »
La gestion des nappes profondes se fait dans le cadre du SAGE [1] « nappes profondes de Gironde », élaboré par la Commission Locale de l’Eau. Cette gestion se fait par zones géographiques, appelées Unités de Gestion (5 zones : Centre, Littoral, Médoc/Estuaire, Nord et Sud), et par grands aquifères .
- Les points des réseaux « quantité » et « qualité » en Gironde, pour les nappes profondes (toute maîtrise d’ouvrage confondu) ©BRGM
L’acquisition des données par Unité de Gestion vise à fournir les éléments de connaissance nécessaires au tableau de bord, élaboré pour le SAGE, et au SMEGREG ; à la gestion des prélèvements ; à l’évaluation des ressources potentielles et au diagnostic de l’état des nappes , afin de répondre aux exigences de la DCE.
Le travail de synthèse annuelle des données, tout réseau de suivi confondu, est cofinancé par le Conseil Départemental de la Gironde (avec le soutien financier de l’Agence de l’Eau Adour-Garonne) et le BRGM, qui a le rôle d’opérateur technique depuis 1958.
Les volumes prélevés
Les prélèvements, retenus au sens des VMPO [2], dans les nappes relevant du SAGE « nappes profondes de Gironde » ont été évalués à 147,22 millions de m3 en 2015, volume supérieur de 7 % à l’année 2014.
- Evolution des volumes prélevés, par nappe, entre 2012 et 2015 (au sens VMPO) ©BRGM-2015
Une seule zone dépasse le VMPO pour l’année 2015 : il s’agit de la zone Centre (48,5 millions de m3 prélevés pour un VMPO de 38,3 millions de m3).
- Volumes prélevés, au sens des VMPO, en fonction des Unités de Gestion ©BRGM-2015
Les niveaux des nappes ont baissé entre 2014 et 2015, excepté pour la nappe du Crétacé supérieur qui est resté assez stable.
Par contre, la carte piézométrique de l’Éocène inférieur à moyen montre, pour 2015 et comme pour les années précédentes, une convergence des écoulements en direction de la grande dépression piézométrique , engendrée par les prélèvements dans et autour de la métropole bordelaise. À l’ouest, les impacts sont circonscrits par la crête piézométrique , de direction nord-sud, qui passe par Sainte-Hélène. La carte des différences obtenues pour cette même nappe indique une baisse des niveaux entre 2015 et 2014, autour de la métropole bordelaise (de -2 à -10 mètres).
- Carte piézométrique de la nappe de l’Eocène inférieur à moyen ©BRGM-2015
Une eau d’une excellente qualité
Le (ou les) éponte(s) [3] protège(nt) relativement bien les eaux des aquifères profonds captifs, qui ne contiennent en règle générale pas de contaminants d’origine anthropique. Par contre, ce confinement au sein de l’aquifère profond peut engendrer la présence naturelle de teneurs importantes en paramètres indésirables (fer, manganèse, fluor, arsenic etc.).
Pour cette analyse des données de « qualité », les données de l’Agence Régionale de la Santé (ARS) sont utilisées en complément de données issues du réseau Départemental de la Gironde.
Globalement, les eaux des nappes profondes sont d’excellente qualité. Toutefois dans quelques secteurs, des éléments naturels ou anthropiques peuvent dégrader la qualité de ces eaux. Les dépassements les plus fréquemment observés, pour les éléments présents naturellement dans les eaux, par rapport aux références pour la consommation humaine, concernent le fer, le manganèse et les fluorures.
nappe du Crétacé
Aucun pesticide, ni COV [4] ni HAP [5] n’a été détecté. Un ouvrage (Soulac-sur-Mer) présente toutefois des hydrocarbures dissous, dans les analyses.
nappe de l’Eocène
Sur les 43 ouvrages, deux, suivis par l’ARS, ont été concernés par une quantification de pesticides. Pourtant, au droit de ces 2 ouvrages, la nappe est bien protégée des contaminations anthropiques par les formations sus-jacentes (contamination très locale ?).
nappe de l’Oligocène
Dans les secteurs peu profonds ou à l’affleurement , de nombreux micro-polluants organiques (pesticides, HAP et COV) ont été mesurés, dans l’Unité de Gestion Centre, à des concentrations parfois supérieures aux limites de qualité des eaux destinées à la consommation humaine. À noter que des molécules interdites depuis plusieurs années, et leurs métabolites, se retrouvent encore dans les eaux : c’est le cas de la simazine et de l’atrazine, interdites depuis 2003, et de leurs produits de dégradation.
- Les 10 molécules les plus souvent quantifiées dans les différents ouvrages de l’Oligocène ©BRGM-2015
nappe du Miocène
Un seul ouvrage, sur les 11 prélevés, a été concerné par la présence de pesticides (3 molécules quantifiées). Quatre HAP ont été quantifiés dans un ouvrage à Sauternes (teneurs toutefois très inférieures aux exigences de qualité réglementaires, fixées pour les eaux destinées à la consommation humaine). Aucune teneur en COV, supérieure au seuil de quantification, n’a été constatée dans les 12 ouvrages prélevés.
A savoir
Les données volumétriques, piézométriques et chimiques, valorisées dans le cadre de cette étude, ont été intégrées dans la banque de données du SIGES Aquitaine et/ou dans ADES. Elles sont à la disposition des acteurs de la gestion de l’eau, mais aussi d’un public plus large (bureaux d’études, particuliers…) qui souhaiteraient les utiliser.
- Répartition des volumes prélevés par usage (tous prélèvements en nappe profonde) ©BRGM-2015