Sommaire de la synthèse (travail réalisé dans le cadre du programme du contrôle qualité et de gestion des nappes souterraines de Gironde), datée du 31/12/2014 :
- I. Contexte général
- II. Bilan des prélèvements 2014
- III. Bilan des suivis piézométriques
- IV. Bilan du suivi qualité
I. Contexte général
Le département de la Gironde se caractérise par la présence d’importantes réserves en eaux souterraines. Il fait aussi partie des départements où les nappes profondes sont les plus exploitées (204,6 millions de m3 prélevés dans les eaux souterraines, dont 136,6 millions de m3 dans les nappes profondes en 2014).
Le suivi piézométrique des nappes a débuté en 1958 sur la nappe de l’Eocène et a progressivement été étendu aux 5 grands autres systèmes aquifères du département (Jurassique, Crétacé supérieur, Oligocène, Miocène et Plio-Quaternaire). Les données acquises au cours de ces cinquante dernières années ont permis d’initier des études visant à mieux connaître le comportement des aquifères (ex : modélisation des aquifères du bassin nord-aquitain), de mettre en évidence la surexploitation de certains d’entre eux et de délimiter les secteurs les plus sensibles. Parallèlement, le contrôle de la qualité des eaux souterraines a débuté en 1990 avec pour objectifs, l’identification des aquifères les plus vulnérables et la mise en évidence d’une éventuelle dégradation des ressources.
Au-delà de la volonté départementale de mieux connaître les ressources souterraines, le SAGE « Nappes profondes de Gironde » [1], dont la révision a été approuvée par l’arrêté préfectoral du 18 juin 2013, est né de ces missions de suivi. Elles s’inscrivent aussi dans les préconisations de la Directive Cadre européenne sur l’Eau (DCE) du 23 octobre 2000, qui fixe aux Etats membres de l’Union Européenne des objectifs de reconquête de la qualité de l’eau et des milieux aquatiques d’ici 2015, en établissant des procédures de surveillance quantitative et qualitative des masses d’eau.
Depuis 2008, le suivi quantitatif des points, dits « RCS » [2], est sous la maîtrise d’ouvrage de l’ONEMA [3]. Le suivi piézométrique des points départementaux (dits « RCD » [4]) ainsi que le suivi qualitatif de l’ensemble des points de contrôle est, quant à lui, cofinancé à hauteur de 80 % par le Conseil Départemental (avec le soutien financier de l’Agence de l’Eau Adour-Garonne) et à hauteur de 20 % par le BRGM, qui assure les missions techniques.
Chaque année, le programme consiste à collecter les informations relatives aux prélèvements effectués l’année précédente (quantité + qualité), à suivre l’évolution des niveaux et de la qualité des 6 grands systèmes aquifères du département et à valoriser les données quantitatives et qualitatives de l’année n-1.
La poursuite de l’acquisition des données vise à fournir les éléments de connaissance nécessaires au tableau de bord du SAGE, à la gestion des prélèvements, à l’évaluation des ressources potentielles et au diagnostic de l’état des nappes , afin de répondre aux exigences de la DCE.
II. Bilan des Prélèvements 2014
En 2013, les volumes retenus au sens des VMPO (prélèvements effectués dans les nappes du Plio-Quaternaire, de l’Oligocène de l’Entre-deux-Mers et du Jurassique exclus) ont atteint 137,9 millions de m3 (baisse de 2,91 % par rapport à 2012). La répartition par aquifère est la suivante (tableau 1) :
Les travaux de modélisation réalisés dans le cadre de la révision du SAGE « Nappes profondes de Gironde » ont permis de fixer le VMPO global à 202,9 Mm3, soit 47,9 Mm3 de plus que la valeur précédente. Le tableau et les graphiques suivants (figure 1) permettent de visualiser les différences entre les volumes prélevés en 2014 et les différents VMPO du SAGE révisé.
Il apparaît que seuls les prélèvements effectués dans la nappe de l’Eocène au droit de la zone géographique Centre ont été supérieurs aux VMPO (fixés à 38,3 Mm3/an) mais l’écart observé en 2014 (3,3 Mm3) est toutefois nettement inférieur à celui observé en 2013 (3,8 Mm3) ou en 2012 (8,9 Mm3) du fait d’une meilleure répartition des prélèvements.
Par ailleurs, les conditions climatiques favorables ont permis d’augmenter encore la sollicitation des sources oligocènes de la zone Centre (évolution globale de + 4,5 % pour atteindre 20,4 Mm3). A noter que près de 12 Mm3 ont été prélevés sur les 2 seules sources de Bellefond à Castres-Gironde et de Fontbanne à Budos.
III. Bilan des suivis piézométriques
Le réseau de suivi mis en place en 1958 sur la nappe de l’Eocène inférieur à moyen a progressivement été étendu aux 5 autres grands systèmes aquifères du département. En 2014, le suivi piézométrique réalisé par le BRGM a porté sur 71 ouvrages dits « RCS » et 136 ouvrages dits « RCD ». Ces 207 points ont fait l’objet d’un suivi continu, mensuel ou trimestriel et ont été représentés sur la figure 2. En complément, des mesures ont été réalisées sur 200 points dits « annuels » entre septembre et décembre 2014.
Depuis 2010, les cartes piézométriques sont établies au moyen de méthodes géostatistiques (krigeage avec dérive externe) décrites dans le rapport BRGM/RP-60146-FR. Pour chaque nappe traitée, une carte piézométrique , une carte représentant l’indice de confiance (écart-type des valeurs interpolées), ainsi qu’une éventuelle carte représentant les écarts par rapport à l’année n-1, ont pu être obtenues.
- Figure 3 : Carte piézométrique 2014 et carte des différences 2014-2013 établies au moyen de méthodes géostatistiques pour la nappe de l’Eocène inférieur à moyen
La figure 3 représente la carte piézométrique et la carte des différences obtenues pour la nappe de l’Eocène inférieur à moyen. La prédominance d’une teinte vert clair sur la carte des différences montre que les niveaux piézométriques ont enregistré des variations comprises entre - 1 et + 2 m sur la majeure partie du territoire entre 2013 et 2014. Dans le détail, les niveaux ont en moyenne baissé de quelques cm au droit des zones Littoral et Médoc Estuaire et augmenté au droit des zones Centre (+ 47 cm) et Nord (+ 7 cm).
A l’ouest et au sud de Bordeaux, on distingue 2 zones concentriques centrées sur les ouvrages 08272X0404 (Gradignan-« Cazeaux 4 », + 8,56 m entre 2013 et 2014) et 08271X0213 (Mérignac-« Jacob », - 6,30 m entre 2013 et 2014). Une autre dépression est visible au sud du bassin d’Arcachon mais elle est moins marquée.
En ce qui concerne les autres nappes , on a observé des baisses moyennes respectives de 14 et 15 cm sur les aquifères du Miocène et de l’Oligocène, une certaine stabilité, voire une légère hausse des niveaux de l’aquifère de la base du Crétacé supérieur et un réapproffondissement de la dépression affectant la nappe du sommet du Crétacé supérieur dans le secteur de Martillac.
Globalement et exception faite de l’aquifère de l’Eocène inférieur à moyen, les niveaux piézométriques ont donc enregistré des baisses entre 2013 et 2014.
IV. Bilan du suivi qualité
En 2014, le réseau de suivi qualitatif, constitué de 36 ouvrages dits « RCS » et de 16 ouvrages dits « RCD » dédiés au suivi de problématiques spécifiques (domaine minéralisé de l’Eocène, Eocène de l’Estuaire ou partie vulnérable de l’Oligocène) (cf. figure 4) a permis d’évaluer la qualité de 18 masses d’eau présentes sur le territoire de la Gironde.
Parmi ces 18 masses d’eau, 14 ont présenté un dépassement de la référence de qualité des eaux destinées à la consommation humaine retenue pour le fer (200 µg/l) et 7, un dépassement de la référence retenue pour le manganèse (50 µg/l).
Cinq masses d’eau dont les alluvions récentes de la Gironde et la base du Crétacé supérieur ont aussi été concernées par des dépassements de la norme retenue pour la conductivité (1100 µS/cm). Ces anomalies sont associées à de fortes teneurs en sodium et en chlorures.
En ce qui concerne le fluor, seules 4 masses d’eau ont présenté des dépassements de la limite de qualité (1,5 mg/l).
Enfin, l’unique forage captant les formations alluviales de la Dordogne (MESO FG024) et suivi dans le cadre du programme de Gestion des nappes de Gironde s’est caractérisé par 4 teneurs en nitrates supérieures à 50 mg/l en 2014.
Le tableau 2 fait état des molécules quantifiées par l’ARS et le BRGM, organismes en charge du suivi qualitatif en Gironde.
- Tableau 2 : Nombre de points de contrôle ayant présenté des teneurs supérieures aux limites de quantification en 2014 (NR = non recherché)
Aucun pesticide ni COV n’a été détecté dans les eaux du Crétacé (pas de recherche de HAP). Pour les nappes plus récentes (Eocène, Oligocène, Miocène et Plio-Quaternaire), les fréquences de détection sont variables mais l’Oligocène reste l’aquifère le plus impacté.
De façon globale, il apparaît que les HAP correspondent aux micropolluants les plus souvent quantifiés en 2014 (13 points d’eau concernés sur 22 points), viennent ensuite les pesticides (38 points concernés sur 135 prélevés) puis les COV (7 points concernés sur 119). A noter que les fréquences de détection des pesticides et des COV ont été nettement plus importantes en 2014 qu’en 2013, où le nombre de points échantillonnés avait été plus important.
D’un point de vue des molécules phytosanitaires, les produits de dégradation de l’atrazine (déséthyl-atrazine et déisopropyl-atrazine), le métolachlor ESA et la simazine correspondent aux substances les plus souvent quantifiées (teneurs dosées parfois supérieures à 0,1 µg/l).