Le département de la Gironde se caractérise par la présence d’importantes réserves en eaux souterraines, plus ou moins profondes. Le niveau et la qualité des eaux, des 5 grands systèmes aquifères profonds du département (Jurassique, Crétacé supérieur, Éocène, Oligocène et Miocène), sont suivis dans le cadre de la Directive -Cadre sur l’Eau (DCE), auquel s’ajoute le réseau de suivi du Département de la Gironde.
Le double suivi des nappes : « quantité » et « qualité »
La gestion des nappes profondes se fait dans le cadre du SAGE [1] « nappes profondes de Gironde », élaboré par la Commission Locale de l’Eau. Cette gestion se fait par zones géographiques, appelées Unités de Gestion (5 zones : Centre, Littoral, Médoc/Estuaire, Nord et Sud), et par grands aquifères .
- Les points des réseaux « quantité » et « qualité » en Gironde, pour les nappes profondes (toute maîtrise d’ouvrage confondu) ©BRGM
L’acquisition des données par Unité de Gestion vise à fournir les éléments de connaissance nécessaires au tableau de bord, élaboré pour le SAGE, et aux actions du SMEGREG ; à la gestion des prélèvements ; à l’évaluation des ressources potentielles et au diagnostic de l’état des nappes , afin de répondre aux exigences de la DCE.
Le travail de synthèse annuelle des données, tout réseau de suivi confondu, est cofinancé par le Conseil Départemental de la Gironde (avec le soutien financier de l’Agence de l’Eau Adour-Garonne) et le BRGM, qui a le rôle d’opérateur technique depuis 1958.
Les volumes prélevés
Les prélèvements dans les nappes relevant du SAGE « nappes profondes de Gironde » ont été évalués à 148,02 millions de m3 en 2016, volume équivalent à celui prélevé en 2015.
- Evolution des volumes prélevés, par nappe, entre 2012 et 2016 ©BRGM-2016
Dans l’Unité de Gestion « Centre », les prélèvements effectués dans la nappe de l’Eocène ont été supérieurs au VMPO [2] 2016, avec un dépassement de 5,23 millions de m3.
Dans l’Unité de Gestion « Littoral », c’est aussi le cas pour la nappe de l’Eocène inférieur à moyen, avec un dépassement de 700 000 m3.
Les autres Unités de Gestion ne sont pas déficitaires ou sont à l’équilibre.
- Volumes prélevés, au sens des VMPO, en fonction des Unités de Gestion ©BRGM-2016
Le niveau des nappes : exemple de l’Oligocène
La carte piézométrique de l’Oligocène rive gauche montre, pour 2016 et comme pour
les années précédentes, deux sens d’écoulements de la nappe : un vers le littoral à l’ouest et un autre vers la Garonne à l’est. En outre, ce second secteur montre deux convergences des
écoulements : l’une vers l’ouest de la métropole bordelaise (Saint-Médard, Mérignac) et l’autre
plus au sud vers Saucats : il s’agit de deux dépressions piézométriques engendrées par les
prélèvements autour et au sud de la métropole bordelaise.
La carte des différences obtenues pour cette même nappe indique de faibles évolutions dans
l’ensemble (± 50 cm). Des baisses comprises entre 1 et 5 m sont toutefois observées au sud de la métropole (dépression de Saucats), ainsi qu’autour du bassin d’Arcachon.
- Carte piézométrique de la nappe de l’Oligocène rive gauche ©BRGM-2016
Une eau d’une excellente qualité
Le (ou les) éponte(s) [3] protège(nt) relativement bien les eaux des aquifères profonds captifs, qui ne contiennent en règle générale pas de contaminants d’origine anthropique. Par contre, ce confinement au sein de l’aquifère profond peut engendrer la présence naturelle de teneurs importantes en paramètres indésirables (fer, manganèse, fluor, arsenic etc.).
Pour cette analyse des données de « qualité », les données de l’Agence Régionale de la Santé (ARS) sont utilisées en complément de données issues du réseau Départemental de la Gironde.
Globalement, les eaux des nappes profondes sont d’excellente qualité. Toutefois dans quelques secteurs, des éléments naturels ou anthropiques peuvent dégrader la qualité de ces eaux. Les dépassements les plus fréquemment observés, pour les éléments présents naturellement dans les eaux, par rapport aux références pour la consommation humaine, concernent le fer, le manganèse et les fluorures.
nappe du Crétacé
Aucun COV [4] ni HAP [5], ni hydrocarbures dissous n’a été détecté. Un nouveau pesticide, le Dinocap, a été quantifié dans un ouvrage situé à Pauillac, suivi par l’ARS.
nappes de l’Eocène
Sur les 68 ouvrages, six, suivis par l’ARS, ont été concernés par une quantification de pesticides. Pourtant, au droit de ces 6 ouvrages, la nappe est bien protégée des contaminations anthropiques par les formations sus-jacentes (contamination très locale ?).
nappe de l’Oligocène
Dans les secteurs peu profonds ou à l’affleurement , de nombreux micro-polluants organiques (pesticides, HAP et COV) ont été quantifiés, au droit de l’Unité de Gestion Centre, à des concentrations parfois supérieures aux limites de qualité des eaux destinées à la consommation humaine. À noter que des molécules interdites depuis plusieurs années, et leurs métabolites, se retrouvent encore dans les eaux : c’est le cas de la simazine et de l’atrazine, interdites depuis 2003, et de leurs produits de dégradation.
- Les 10 molécules les plus souvent quantifiées dans les différents ouvrages de l’Oligocène ©BRGM-2016
nappe du Miocène
Trois ouvrages, sur les 6 prélevés, ont été concernés par la présence de pesticides (3 molécules quantifiées). Deux HAP ont été quantifiés dans un ouvrage à Sauternes, alors que 4 HAP avaient été quantifiés en 2015 (teneurs toutefois très inférieures aux exigences de qualité réglementaires, fixées pour les eaux destinées à la consommation humaine). Quatre COV ont été quantifiés dans un des 4 ouvrages prélevés.
A savoir
Les données volumétriques, piézométriques et chimiques, valorisées dans le cadre de cette étude, ont été intégrées dans la banque de données du SIGES Aquitaine et/ou dans ADES. Elles sont à la disposition des acteurs de la gestion de l’eau, mais aussi d’un public plus large (bureaux d’études, particuliers…) qui souhaiteraient les utiliser.
- Répartition des volumes prélevés par usage (tous prélèvements en nappe profonde) ©BRGM-2016