Sommaire de la synthèse (travail réalisé dans le cadre du programme du contrôle qualité et de gestion des nappes souterraines de Gironde), datée du 31/12/2013 :
- I. Contexte général
- II. Bilan des prélèvements 2013
- III. Bilan des suivis piézométriques
- IV. Bilan du suivi qualité
I. Contexte général
Le département de la Gironde se caractérise par la présence d’importantes réserves en eaux souterraines. Il fait aussi partie des départements où les nappes profondes sont les plus exploitées (215,4 millions de m3 prélevés dans les eaux souterraines, dont 138,7 millions de m3 dans les nappes profondes en 2013).
Le suivi piézométrique des nappes a débuté en 1958 sur la nappe de l’Eocène et a progressivement été étendu aux 5 grands autres systèmes aquifères du département (Jurassique, Crétacé supérieur, Oligocène, Miocène et Plio-Quaternaire). Les données acquises au cours de ces cinquante dernières années ont permis d’initier des études visant à mieux connaître le comportement des aquifères (ex : modélisation des aquifères du bassin nord-aquitain), de mettre en évidence la surexploitation de certains d’entre eux et de délimiter les secteurs les plus sensibles. Parallèlement, le contrôle de la qualité des eaux souterraines a débuté en 1990 avec pour objectifs, l’identification des aquifères les plus vulnérables et la mise en évidence d’une éventuelle dégradation des ressources.
Au-delà de la volonté départementale de mieux connaître les ressources souterraines, le SAGE « Nappes profondes de Gironde » [1], approuvé par l’arrêté préfectoral du 25 novembre 2003 et révisé le 18 juin 2013, est né de ces missions de suivi. Elles s’inscrivent aussi dans les préconisations de la Directive Cadre européenne sur l’Eau (DCE) du 23 octobre 2000, qui fixe aux états membres de l’Union Européenne des objectifs de reconquête de la qualité de l’eau et des milieux aquatiques d’ici 2015, en établissant des procédures de surveillance quantitative et qualitative des masses d’eau.
Depuis 2008, le suivi quantitatif des points, dits « RCS » [2], est sous la maîtrise d’ouvrage de l’ONEMA [3]. Le suivi piézométrique des points départementaux (dits « RCD » [4]) ainsi que le suivi qualitatif de l’ensemble des points de contrôle est, quant à lui, cofinancé à hauteur de 80 % par le Conseil Général (avec le soutien financier de l’Agence de l’Eau Adour-Garonne) et à hauteur de 20 % par le BRGM qui assure les missions techniques.
En 2013, ces missions ont consisté à collecter les informations relatives aux prélèvements (quantité + qualité), à suivre l’évolution des niveaux et de la qualité des 6 grands systèmes aquifères du département et à valoriser les données quantitatives et qualitatives recueillies.
La poursuite de l’acquisition des données vise à fournir les éléments de connaissance nécessaires au tableau de bord du SAGE, à la gestion des prélèvements, à l’évaluation des ressources potentielles et au diagnostic de l’état des nappes , afin de répondre aux exigences de la DCE.
II. Bilan des Prélèvements 2013
En 2013, les volumes retenus au sens des VMPO (prélèvements effectués dans les nappes du Plio-Quaternaire, de l’Oligocène de l’Entre-deux-Mers et du Jurassique exclus) ont atteint 137,9 millions de m3 (baisse de 2,91 % par rapport à 2012). La répartition par aquifère est la suivante (tableau 1) :
Les travaux de modélisation réalisés dans le cadre de la révision du SAGE « Nappes profondes de Gironde » ont permis de fixer le VMPO global à 202,9 Mm3, soit 47,9 Mm3 de plus que la valeur précédente. Le tableau et le graphique suivants (figure 1) permettent de visualiser les différences entre les volumes prélevés en 2013 et les différents VMPO du SAGE révisé.
Il apparaît que seuls les prélèvements effectués dans la nappe de l’Eocène au droit de la zone géographique Centre ont été supérieurs aux VMPO (fixés à 38,3 Mm3/an) mais l’écart observé en 2013 (3,8 Mm3) est toutefois nettement inférieur à celui observé en 2012 (8,90 Mm3) du fait d’une meilleure répartition des prélèvements. Les conditions climatiques favorables ont en effet permis d’augmenter la sollicitation de certaines sources oligocènes de la zone Centre (évolution des volumes de 17 à 19,5 Mm3 entre 2012 et 2013) et en particulier de la source de Budos à Castres-Gironde (+ 1 Mm3). Au droit de cette unité de gestion, l’écart entre le volume prélevé et le VMPO (fixé à 48 Mm3/an) a ainsi évolué de - 3,85 à - 1,9 Mm3 entre 2012 et 2013.
III. Bilan des suivis piézométriques
Le réseau de suivi mis en place en 1958 sur la nappe de l’Eocène inférieur à moyen a progressivement été étendu aux 5 autres grands systèmes aquifères du département. En 2013, le suivi piézométrique réalisé par le BRGM a porté sur 71 ouvrages dits « RCS » et 136 ouvrages dits « RCD ». Ces 207 points ont fait l’objet d’un suivi continu, mensuel ou trimestriel et ont été représentés sur la figure 2. En complément, 203 mesures ont été réalisées sur des points dits « annuels ».
Depuis 2010, les cartes piézométriques sont établies au moyen de méthodes géostatistiques (krigeage avec dérive externe) décrites dans le rapport BRGM/RP-60146-FR. Pour chaque nappe traitée, une carte piézométrique , une carte représentant l’indice de confiance (écart-type des valeurs interpolées), ainsi qu’une éventuelle carte représentant les écarts par rapport à l’année n-1, ont pu être obtenues.
- Figure 3 : Carte piézométrique 2013 et carte des différences 2013-2012, établies au moyen de méthodes géostatistiques, pour la nappe de l’Eocène inférieur à moyen
La figure 3 représente la carte piézométrique et la carte des différences obtenues pour la nappe de l’Eocène inférieur à moyen. La prédominance d’une teinte jaune sur la carte des différences montre que les niveaux ont enregistré des hausses comprises entre 0 et 2 m sur la majeure partie du territoire (81 cm en moyenne [5]). Cette hausse est en lien direct avec la diminution des prélèvements (- 9,9 %).
La présence de zones concentriques tendant vers la couleur bleue au sud d’Arcachon et au droit de l’agglomération bordelaise indique des hausses pouvant atteindre 10 m. On observe donc un retour à une situation quasi normale en 2013 après une situation 2012 exceptionnelle (forte augmentation des prélèvements liée à l’indisponibilité de certaines ressources oligocènes de l’ouest bordelais, contaminées par des perchlorates).
En ce qui concerne les autres nappes , on a observé des hausses moyennes respectives de 77 et 40 cm, sur les aquifères de l’Oligocène et du Miocène, une certaine stabilité, voire une légère hausse des niveaux de l’aquifère de la base du Crétacé supérieur et un retour à la normale pour le sommet du Crétacé supérieur, qui avait été très impacté par la forte augmentation des prélèvements opérés dans le réservoir de l’Eocène inférieur à moyen en 2012 (secteur de Martillac en particulier).
IV. Bilan du suivi qualité
En 2013, le réseau de suivi qualitatif était constitué de 36 ouvrages dits « RCS » et de 16 ouvrages dits « RCD » dédiés au suivi de problématiques plus spécifiques (domaine minéralisé de l’Eocène, Eocène de l’Estuaire ou partie vulnérable de l’Oligocène) (cf. figure 4).
Le calcul des teneurs moyennes des différentes masses d’eaux souterraines (sur la base des résultats obtenus en 2013 sur les points RCS, RCD et les captages d’eau contrôlés par l’ARS [6]) a permis de mettre en évidence des teneurs supérieures aux exigences de qualité règlementaires fixées pour les eaux souterraines brutes ou les eaux destinées à la consommation humaine.
Ainsi, plus de la moitié des masses d’eau de Gironde (12 sur 22) ont présenté des teneurs moyennes en fer supérieures à 200 µg/l. Seules 4 masses d’eau sur 22 ont présenté des teneurs moyennes en manganèse supérieures à 50 µg/l.
La base du Crétacé supérieur et les alluvions de la Gironde se sont caractérisées par des conductivités moyennes supérieures à 1 100 µS/cm ainsi que par des teneurs en chlorures et/ou en sodium supérieures à 200 mg/l. La base du Crétacé supérieur s’est aussi caractérisée par des teneurs moyennes en fluor supérieures à 1,5 mg/l. En ce qui concerne les nitrates, seules les alluvions de la Dordogne ont présenté une teneur moyenne supérieure à 50 mg/l (le constat s’est toutefois basé sur un seul point d’observation).
Le tableau 2 fait état des molécules quantifiées par l’ARS et le BRGM, organismes en charge du suivi qualitatif en Gironde. Aucun pesticide n’a été détecté dans les eaux du Crétacé (même observation qu’en 2012). Des hydrocarbures dissous ont toutefois été détectés sur un point d’eau. Dans le cas des nappes sus-jacentes (Eocène, Oligocène, Miocène et Plio-Quaternaire), 23 points sur 237 ont été concernés par la présence de pesticides, 6 points sur 238 [7] par la présence de COHV et 12 points sur 21 par la présence de HAP. Par rapport à 2012, le nombre de points échantillonnés a quasiment doublé. A noter que les fréquences de détection ont nettement diminué pour les pesticides et les COHV (fréquence stable pour les HAP).
- Tableau 2 : Nombre de points de contrôle ayant présenté des teneurs supérieures aux limites de quantification en 2013 (NR = non recherché)
Il apparaît que ce sont les produits de dégradation de l’atrazine qui ont été le plus souvent quantifiés en 2013 sur les points suivis par le BRGM. Par ailleurs, la détection de pesticides a été plus fréquente sur les ouvrages sollicitant les formations oligocènes (27 quantifications sur 10 points - 22 en 2012) que sur les ouvrages sollicitant les formations plio-quaternaires (22 quantifications sur 9 points - 10 en 2012).